Periodismo de Impacto

Ma Banque et ses investissements non-responsables 3.516 signes

Par exemple, ma banque inclut-elle le travail décent dans ses conditions pour accorder un prêt à une entreprise donnée?
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24.06.2016

Paris, France
Les banques soutiennent l’armement, le changement climatique ou encore la violation des droits de l’homme. C’est en tout cas ce que traduisent leurs investissements.

267 milliards d’euros. Voilà le montant record qui dort actuellement sur les comptes d’épargne des Belges. Mais si nous sommes bel et bien les champions européens des économies, savons-nous comment notre banquier mobilise le capital que nous tentons (péniblement) de faire fructifier ? C’est à cette question que veut répondre l’initiative « Scan des banques », lancée par un collectif d’ONG européen et menée en Belgique par Fairfin, association qui lutte pour une finance plus éthique, plus respectueuse de l’humain et de la planète.

Pour la deuxième année consécutive, Fairfin a donc « screené » les politiques d’investissements de neuf banques installées en Belgique. Dont de grosses institutions (BNP Paribas, Belfius, ING, Deutsche Bank, KBC), de plus petites structures (Argenta, Van Lanschot) et des sociétés autoproclamées responsables (Triodos, VDK). Huit thématiques centrales ont été fouillées: respect de la planète, des droits de l’homme et du travail, engagement contre le changement climatique, transparence, financement de l’armement et enfin, l’évasion fiscale.

Constat tiré ? Les banques ne respectent toujours ni éthique, ni planète, ni humain. «Les politiques d’investissement sont encore trop vagues, tout comme la transparence aux clients sur les portefeuilles des fonds d’investissement qui leur sont proposés», explique Frank Vanaerschot, responsable du pendant belge de l’étude.

Seules Triodos (85%), Van Lanschot (66%) et VDK (50%) se montrent en effet à la hauteur en matière de responsabilité sociétale (les institutions sont classées via un pourcentage, résultat de leur performance au niveau des thématiques précitées, NDLR).

Du côté des grandes banques du pays, les cotes obtenues sont médiocres: Deutsche Bank est ainsi le pire élève de la classe, à seulement 22% socialement responsable, suivent BNP Paribas et Belfius (27%), KBC (33%), ING (41%)… «Pour obtenir ces résultats, nous avons vérifié tant les comportements adoptés en interne que les critères appliqués pour financer telle ou telle entreprise en direct ou via des fonds d’investissements proposés à des tiers», poursuit le spécialiste.

Par exemple, ma banque inclut-elle le travail décent dans ses conditions pour accorder un prêt à une entreprise donnée? Tient-elle compte des accords sur le climat dans sa sélection de fonds d’investissement qu’elle propose à ses clients? A-t-elle adopté une charte l’empêchant de placer de l’argent dans des paradis fiscaux ?

Afin de mieux saisir l’ampleur de la problématique, quelques chiffres s’imposent. En 2015, nos banques belges ont ainsi investi deux milliards dans le secteur de l’armement en soutenant des entreprises telles que Lockheed Martin, Airbus ou Motorola… Ou encore sept milliards dans des sociétés qui violent les droits du travail et de l’homme quotidiennement, cinq milliards qui vont à l’encontre des politiques de lutte contre le changement climatique… Et ainsi de suite. Avec Scan des banques, les ONG présentent un constat complexe simplement.

L’objectif de l’action, matérialisée sous forme de site internet (bankwijzer.be/fr) est clair : forcer les banques à une attitude plus socialement responsables en invitant l’épargnant à se poser des questions avant de se placer son argent chez le plus offrant. Car les entreprises dans lesquelles la finance investit aujourd’hui seront celles…De demain.