Periodismo de Impacto

L’orchestreZohra : les filles qui jouentleursrêves

L’ANIM a étéinauguré en 2010 par Ahmad NaserSarmast, son actueldirecteurgénéral, etl’établissements’inscritdansune tradition d’enseignement musical fragilisée par l’histoirerécente
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23.06.2017

Afganistán
Dansl’une des salles de l’Institut National de Musiqued’Afghanistan (ANIM), ZarifaAdeebs’applique à jouer du violon au milieu de sescamarades avec unedextérité admirable. CettejeuneAfghane a longtempsrêvé de devenir chanteuse de pop, maiselles’estfinalementprise de passion pour la musiqueclassique. Elle n’avaitqu’unanlorsqu’elles’estréfugiée au Pakistan oùelleestrestée plus de 15 ans, avant de décider de retournerdans son pays. « Je suis venue ici fin 2014. Lorsque je cherchaisunprofesseur de musique, je me suisrenduecomptequ’il y avait un institut de musiqueoùl’onapprend la musique de manièreprofessionnelle. » Actuellement en classe de terminale, cela fait deuxansqueZarifaAdeebpratique le violon. Son cœurestremplid’espoir. Et pourtant, cetenseignementluiauraitétéinterditil y a à peine dix ans.

L’ANIM a étéinauguré en 2010 par Ahmad NaserSarmast, son actueldirecteurgénéral, etl’établissements’inscritdansune tradition d’enseignement musical fragilisée par l’histoirerécente. Avec la création de l’Ecole de Musique en 1974, la musiqueest entrée dans le curriculum du ministre de l’EducationNationale. Cetteécole a continuésesactivitésjusqu’en 1988, maiselleestrestéeferméedurant la guerre et la période des Talibansparcequ’ilsavaientinterdit la musique en prétendantqu’elleétaitillégale (Harâm).

Puisl’école a reprissesactivitésdurant la périoded’Hamid Karzai, l’ex-Présidentd’Afghanistan. En 2008, Ahmad NaserSarmast a pris la tête d’un projetnommé « Reconstruction de la MusiqueAfghane » subventionné par la BanqueMondiale.Deuxans plus tard, l’Ecole de Musiquedevientl’ANIM et propose des formations à la musiqueclassiqueoccidentale et orientale : des instruments comme le violon, l’alto, la guitare, le piano, la trompette, la flûte, maiségalement le robab, le ghichak, le tambour, le tabla, le qashqarcha, le 3 tar sorod et le delrobasontainsienseignés aux élèves.

Le premier orchestre afghan exclusivementféminin

Actuellement, l’ANIMcompte 250 élèves, dont 75 filles. Et celles-ci se sontorganisées pour jouer ensemble et former l’OrchestreZohra, le premier orchestre afghan constituéexclusivement de filles. Il a commencé son activité en 2014 et son premier événement a eu lieu à l’ambassade du Canada à Kaboul. ZarifaAdeebraconte : « L’annéeoù je suis venue ici, nous étionsseulementcinqfilles, nous voulionsorganiser un groupeféminin car cetteannée-là à l’Institut, les garçonscréaient des groupes de rock et de pop. C’étaitcommeune concurrence.Alors, nous avonscrééungroupe de chant. Au fur et à mesure, d’autresfillesontrejointnotregroupe. A ce moment-là nous n’étionsqu’ungroupe de chant et troissemaines après, le groupes’esttransformé en Orchestre. »

« L’idée de l’OrchestreZohravenaitd’unejeunefille qui s’appelle Mina et qui étaitétudianteici. Cette idée a étéprise en compte par le DrNaserSarmastetaujourd’hui nous sommestémoins du succès de l’OrchestreZohra » ajoute Mohammad MuradSharkhush, qui y enseigne le qashqarcha, un ancien instrument afghan. Il rappelleque Mina avaitappris la trompette à l’Institutetqu’elleétaitunefilletalentueuse. Malheureusement, comme beaucoup de monde, elle a ététouchée par des problèmesfamiliauxetlorsqu’elleestpartiedanssa province natale, safamille ne l’a plus autorisée à revenir à Kaboul.

Mohammad MuradSharkhushindiqueque les musiciennes de l’Orchestreont entre 12 et 21 ans. Cesderniers temps, l’OrchestreZohra a participé à différentsprogrammes à l’extérieur du pays comme le forum de Davos en Suisse. « L’un de nossuccèsétait de pouvoirmontrerune image positive de l’Afghanistanet de sa culture au monde. CetOrchestre a étésoutenu par plusieurs pays etestégalementconnu sous le nom des Anges de la musique. » indique-t-il.

Le symbole de l’Afghanistan de demain
Chaqueannée entre 300 et 400 demandeurspassent le concoursd’entrée à l’Institut, et seulement 50 d’entreeuxsontpris. 50% des candidatssont des enfants vivant dans les rues oudans des orphelinatsetsontprésentés par les ONG travaillantsur le droit de l’enfant en Afghanistan. En dehors de l’orchestreZohra, onzeautresgroupessontactifs au sein de l’institut.

Mohammad MuradSharkhushcontinue : « Lorsqu’unchangementvientdans un pays, il ne faut pas s’inquiéter, ilfautêtrepositif et je suisoptimiste. L’Afghanistanest un pays oùl’artoccupeune place prépondérantedans la vie du peuple. »

A l’Institut national de musiqued’Afghanistan, il y a des élèves riches et des orphelins qui suivent les cours de la musique sous le mêmetoit. Ilsjouentleurdouleur, leurespoir, leur joie etleur chagrin afinqu’un jour, ilsarrivent à réaliserleurs beaux rêvesd’enfance. Commel’indique Ahmad NaserSarmast, « l’institut national de musiqued’Afghanistanestcommeuneîled’espoirsdansl’obscurité. Cetinstitutest le symbole de l’Afghanistan de demain. »

http://www.anim-music.org/